Khartoum, 19 août 2025 – Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, a procédé lundi à un vaste remaniement dans les rangs supérieurs de l’institution militaire, dans un contexte de guerre civile prolongée contre les Forces de soutien rapide (RSF). Ces changements visent à renforcer son emprise sur l’armée et à consolider son autorité sur les régions stratégiques du centre et de l’est du pays, alors que les combats s’intensifient dans l’ouest.
Selon un communiqué officiel, plusieurs nouveaux officiers ont été nommés au sein du Comité des chefs d’état-major interarmées, un jour après le départ à la retraite de figures militaires de longue date, qui avaient acquis une notoriété au cours des deux dernières années de conflit. Si le général Mohamed Othman al-Hussein reste à la tête des chefs d’état-major, un nouvel inspecteur général et un nouveau commandant de l’armée de l’air ont été désignés.
Parallèlement, Burhan a publié un décret plaçant tous les groupes armés alliés à l’armée anciens rebelles du Darfour, brigades islamistes, civils mobilisés et milices tribales sous son commandement direct. Une décision saluée par plusieurs responsables politiques soudanais, qui estiment qu’elle pourrait freiner l’émergence de nouvelles forces parallèles, à l’image des RSF.
Les RSF, issues des milices arabes mobilisées par l’État au début des années 2000 pour combattre au Darfour, ont progressivement acquis une autonomie militaire et logistique, jusqu’à devenir les principaux rivaux de l’armée. Leur affrontement avec les forces régulières, déclenché en avril 2023 autour d’un projet d’intégration des deux structures, a plongé le pays dans une guerre civile qui perdure.
Après une percée rapide au centre du pays et jusque dans Khartoum, les paramilitaires ont été progressivement repoussés vers l’ouest en 2025, entraînant une intensification des combats dans la région d’al-Fashir, au Darfour.
Ce remaniement survient une semaine après la rencontre entre Burhan et le conseiller américain pour l’Afrique, Massad Boulos, en Suisse, au cours de laquelle une possible transition vers un régime civil a été évoquée, selon des sources gouvernementales.
Le conflit, qui a déjà provoqué l’une des plus graves crises humanitaires au monde, reste marqué par une fragmentation militaire et politique, tandis que le général Burhan consolide progressivement son pouvoir au sein de l’appareil sécuritaire.
Pierra S.