Sahel – Cédéao : Washington appelle à dépasser les divisions pour combattre le terrorisme

New York, 8 août 2025 – Les États-Unis exhortent les pays du Sahel et leurs voisins côtiers à surmonter leurs divergences et à coordonner leurs efforts contre le terrorisme. L’appel a été lancé par Dorothy Shea, représentante américaine par intérim à l’ONU, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’Afrique de l’Ouest.

La diplomate a fermement condamné les attaques menées par le JNIM, l’État islamique au Sahel, l’État islamique en Afrique de l’Ouest et Boko Haram, tout en insistant sur la nécessité de préserver l’État de droit et les droits fondamentaux.

Cet appel intervient alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la Cédéao, accusant l’organisation d’agir sous influence française. Les trois pays ont fondé l’Alliance des États du Sahel (AES), dotée de ses propres symboles et d’une structure institutionnelle.

Malgré ces tensions, des discussions sont engagées. Une première rencontre s’est tenue en mai à Bamako et, début août à Freetown, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a encouragé un rapprochement entre la Cédéao et l’AES.

Dorothy Shea a salué les efforts du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) pour faciliter le dialogue, notamment sur les questions sécuritaires, politiques et économiques. Elle a également alerté sur l’impact de la guerre civile au Soudan, source d’instabilité et de prolifération d’armes légères dans la région.

Depuis plusieurs mois, Washington multiplie les gestes envers les régimes sahéliens :

  • Au Mali (8-10 juillet), Rudolph Atallah, haut responsable antiterroriste de la Maison Blanche, a discuté avec les autorités d’une « coopération rénovée » axée sur la souveraineté et le renforcement des forces nationales.
  • Au Burkina Faso (27 mai), le sous-secrétaire d’État Will Stevens a transmis un message du président Donald Trump, évoquant une coopération « respectueuse de la souveraineté » et la levée d’entraves à l’achat d’armement.
  • Au Niger (avril), le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine a engagé des pourparlers à Washington pour relancer les relations bilatérales après la rupture des accords de défense.

Ce rapprochement américain intervient alors que Paris voit son influence s’effriter au Sahel, accusée de tentatives de déstabilisation par les régimes sahéliens. En parallèle, ceux-ci renforcent leurs liens avec Moscou, qui déploie des instructeurs militaires et fournit un soutien opérationnel.

Malgré l’intensification des contacts, les États-Unis maintiennent certaines restrictions, comme l’inscription du Burkina Faso et du Niger sur la liste des pays dont les ressortissants peuvent se voir refuser des visas. Cette dualité reflète une stratégie américaine oscillant entre reconquête de terrain diplomatique et maintien de leviers de pression.

Dans ce contexte, la recomposition des alliances au Sahel ouvre un espace de rivalité accrue entre puissances, où Washington et Moscou cherchent à occuper le vide laissé par la France.

Pierra S.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *