Sénégal-Gambie : tensions rurales à la frontière, rencontre de conciliation entre gouverneurs

Kanguma, 30 juillet 2025 – Un différend entre habitants des villages frontaliers de Kanguma (Sénégal) et Diataly (Gambie) a récemment ravivé les tensions dans une zone forestière à la délimitation floue, suscitant l’intervention rapide des autorités des deux pays.

Le déclencheur : un échange tendu entre un agent forestier sénégalais et un coupeur de bois gambien, qui a donné lieu à des arrestations sporadiques et des accusations croisées entre les deux communautés, selon le quotidien Le Soleil. La région, historiquement marquée par des liens étroits entre les populations, fait face à une montée de crispation autour des ressources naturelles partagées.

Pour désamorcer l’escalade, une rencontre bilatérale s’est tenue mardi 29 juillet à la frontière, entre le gouverneur de Tambacounda (Sénégal) et son homologue de Makati (Gambie). Autour d’eux, des experts en cartographie, chefs traditionnels, guides religieux et forces de sécurité ont uni leurs efforts pour apaiser la situation.

À l’issue des échanges, un accord provisoire a été trouvé pour permettre la poursuite des activités économiques et pastorales dans la zone contestée, de part et d’autre de la frontière. Les discussions reprendront ce jeudi, avec un agenda axé sur les questions de transhumance et de gestion forestière, souvent à l’origine des tensions.

La zone litigieuse reflète les ambiguïtés héritées de la colonisation, où les frontières administratives ne correspondent pas aux usages locaux. Marchés hebdomadaires, pratiques agricoles, parcours de bétail et liens familiaux dépassent les lignes dessinées sur les cartes, rendant les incidents d’autant plus sensibles.

Dans cet espace où le mandingue est parlé des deux côtés, chaque conflit est susceptible de devenir un symbole d’empiètement ou de privation. Les deux gouverneurs ont souligné la nécessité de préserver les interactions humaines et sociales, indispensables à la stabilité régionale.

Le recours à un dialogue immédiat et localisé, sans attendre une intervention des capitales, est salué comme une approche pragmatique de gestion frontalière. Les autorités ont mis en avant l’importance de maintenir les liens communautaires et de privilégier une coopération territoriale directe, adaptée aux réalités du terrain.

Toutefois, les responsables des deux pays restent prudents : tant que les délimitations ne seront pas clairement redéfinies et acceptées par tous, le risque de résurgence des tensions demeure. La vigilance et la médiation permanente resteront les garants d’une paix durable dans cette zone à forte interdépendance humaine et économique.

Pierra S.

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