La dette publique du Sénégal continue de nourrir la controverse. L’ancien président Macky Sall a catégoriquement rejeté, le 29 septembre à Washington, les accusations du Fonds monétaire international (FMI) concernant l’existence d’une « dette cachée » estimée à 7 milliards de dollars. Ses propos, tenus lors d’un panel organisé par le think tank Atlantic Council, ont aussitôt suscité la réplique du ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr.
Pour l’ex-chef d’État, une dissimulation d’une telle ampleur est « impossible ». Il a rappelé que chaque engagement d’endettement fait l’objet d’une convention soumise à l’avis de la Cour suprême, avant de transiter par la BCEAO. « Comment cacher tout cela sans la surveillance permanente du FMI, sans que la Cour des comptes, l’Assemblée nationale ou le ministère des Finances ne soient informés ? », a-t-il interrogé, qualifiant de « non-sens » l’idée d’une dette parallèle.
Abdourahmane Sarr a, de son côté, reconnu l’existence de paiements effectués directement à l’étranger, échappant ainsi aux circuits habituels. Dans une réaction publiée sur les réseaux sociaux, il a précisé que certains décaissements « délibérément omis dans les déficits rapportés » n’apparaissent pas dans la dette comptabilisée. « Le remboursement, lui, est inévitable et nécessairement connu du Trésor », a-t-il souligné, insistant sur la soutenabilité de la dette sénégalaise.
Chargé d’éclaircir les divergences, le FMI a dépêché une mission à Dakar pour évaluer la situation. Edward Gemayel, chef de mission pour le Sénégal, a salué « l’engagement des autorités en faveur de la transparence » et mentionné des « discussions productives » visant à renforcer la fiabilité des rapports budgétaires. L’institution doit publier prochainement un avis détaillé afin de clarifier son évaluation.
Cette controverse, qui place Macky Sall et le gouvernement actuel dans une passe d’armes à distance, met en lumière les défis persistants de la gouvernance budgétaire au Sénégal, alors que le pays cherche à maintenir la confiance de ses partenaires financiers et à préserver l’accès aux marchés internationaux.
Stella S.
