Migrants expulsés des États-Unis : des Africains abandonnés sans papiers à la frontière entre le Ghana et le Togo

Des migrants ouest-africains expulsés des États-Unis affirment avoir été abandonnés au Togo sans documents légaux ni assistance, après un transit forcé par le Ghana. Cette situation, révélée par l’AFP, alarme les défenseurs des droits humains qui dénoncent une violation flagrante des normes internationales en matière de protection des migrants.

Ces renvois s’inscrivent dans le cadre du vaste programme d’expulsions initié par l’administration de Donald Trump, régulièrement critiqué pour son opacité. L’affaire a éclaté lorsque le président ghanéen John Mahama a confirmé l’existence d’un accord avec Washington pour accueillir certains migrants expulsés de la région.

Depuis, une dizaine de personnes auraient été escortées jusqu’au poste-frontière d’Aflao, à proximité de Lomé, avant d’être laissées à leur sort, sans passeport ni statut légal.

Parmi les expulsés figurent Benjamin, un Nigérian, et Emmanuel, un Libérien ancien réfugié aux États-Unis. Tous deux étaient titulaires de cartes vertes et mariés à des citoyennes américaines. Ils racontent avoir été détenus sous surveillance militaire au camp de Dema, au Ghana, dans des conditions difficiles, avant d’être transférés et abandonnés à la frontière.

« Nous avons survécu uniquement grâce au soutien financier de nos proches, mais nous vivons dans la peur permanente sans papiers », confie l’un d’eux.

Selon les témoignages recueillis, au moins 28 personnes auraient déjà été acheminées vers le Ghana dans ce cadre. Certaines, pourtant protégées par des décisions de justice américaines en raison de risques de persécution, ont été malgré tout renvoyées dans leurs pays d’origine.

Un cas particulièrement préoccupant est celui d’un migrant gambien, bisexuel, expulsé immédiatement vers son pays où l’homosexualité est criminalisée, l’exposant ainsi à des persécutions graves.

Des avocats spécialisés dénoncent un détournement du droit américain, parlant d’une « faille » permettant de contourner les protections légales accordées par les tribunaux. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a, de son côté, exhorté le Ghana à suspendre toute expulsion vers des pays où les personnes concernées risquent la torture, la persécution ou des traitements inhumains.

Washington a déclaré qu’il continuerait à « utiliser toutes les options appropriées » pour expulser les étrangers jugés indésirables. Les autorités ghanéennes et togolaises, directement mises en cause dans cette affaire, n’ont pour l’instant pas apporté de réaction officielle.

Pierra S.

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