Algérie : le mystère autour du sort du général Mahrez Dieriki

Le général Mahrez Dieriki, patron du renseignement militaire (DCSA), avait été brutalement écarté de ses fonctions le samedi précédent, à la suite de la spectaculaire fuite en Espagne du général el Djinn, ancien chef du contre-espionnage. Ses hommes étaient pourtant chargés de surveiller ce dernier.

Mais à la surprise générale, Dieriki est réapparu publiquement quatre jours plus tard, le mercredi, lors d’une visite du chef d’état-major, le général Saïd Chengriba, dans la cinquième région militaire. Alors que ce dernier venait féliciter les troupes pour une opération antiterroriste réussie, l’ancien bras droit du chef des armées a été aperçu en retrait, le visage fermé, derrière le commandant de région, le général major Noureddine Hambli. Une position inhabituelle pour un chef du renseignement, qui selon la tradition militaire aurait dû se tenir aux côtés du chef d’état-major.

Cette apparition soulève des interrogations : Mahrez Dieriki a-t-il été convoqué uniquement pour donner une image d’unité et rassurer l’opinion publique après l’affaire el Djinn ? Ou bien a-t-il été discrètement rétabli dans ses fonctions, après avoir été blanchi de toute complicité dans l’évasion de l’ex-chef du contre-espionnage ?

La confusion est renforcée par son absence remarquée, la veille, lors d’une rencontre officielle entre le général Chengriba et un ministre russe délégué à la Défense, où seuls les plus proches collaborateurs du chef des armées étaient présents. Tout laissait alors penser que Dieriki avait bel et bien été écarté.

D’autres éléments pourraient expliquer ce refroidissement entre le chef d’état-major et son fidèle second. L’été dernier, Mahrez Dieriki avait remis à l’état-major un rapport confidentiel dressant un tableau inquiétant du moral des troupes, jusque dans les rangs des hauts gradés. Le document alertait sur une institution fragilisée, marquée par la peur d’un effondrement à la syrienne, et minée par la crise de confiance interne.

Le rapport préconisait même d’offrir une « sortie honorable » aux officiers supérieurs emprisonnés depuis des mois sans jugement, certains étant malades, d’autres déjà décédés en détention, comme l’ancien chef de la deuxième région militaire.

Dans un contexte de purges, d’arrestations et de démissions en série au sommet de l’ANP, la réapparition de Mahrez Dieriki illustre les luttes intestines qui secouent le haut commandement. Ce qui devait être « la colonne vertébrale » du régime, selon la formule de Boumediene, apparaît aujourd’hui fracturé et affaibli, même si le discours officiel continue d’affirmer l’unité et la fermeté de l’armée face aux menaces terroristes.

Pierra S.

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