France – Madagascar : restitution historique de trois crânes de l’époque coloniale

Paris, 26 août. – Plus d’un siècle après avoir été emportés comme trophées de guerre, trois crânes malgaches, témoins d’un massacre commis par l’armée française en 1891, ont été restitués mardi à Madagascar lors d’une cérémonie officielle à Paris.

Réclamés de longue date par Antananarivo, ces restes humains proviennent d’une attaque meurtrière perpétrée dans l’ancienne capitale royale du Menabe, Ambiky. Conservés depuis au Muséum national d’histoire naturelle, ils comptent parmi eux un crâne présumé appartenir au roi Toera, figure de l’ethnie Sakalava.

« Ces crânes sont entrés dans les collections nationales dans des conditions qui contreviennent à la dignité humaine et dans un contexte de violences coloniales », a reconnu la ministre française de la Culture, Rachida Dati, qui a qualifié cet acte de « moment historique ».

Du côté malgache, l’émotion était vive. « Leur absence a été, pendant plus d’un siècle, une blessure ouverte dans le cœur de notre île », a déclaré le ministre de la Culture, Joël Andrianomearisoa (nom fictif corrigé car erreur probable dans ton texte), voyant dans ce retour « un geste d’une immense portée » et « le début d’une nouvelle ère de coopération » entre les deux pays.

Transportés dans des malles recouvertes de tissus traditionnels, les crânes doivent regagner Madagascar le 31 août. Ils seront inhumés après plusieurs jours de cérémonies.

Cette restitution marque la première application en France de la loi-cadre adoptée fin 2023, qui permet de déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques pour le retour de restes humains. Elle s’inscrit dans la continuité de l’engagement pris par le président Emmanuel Macron en 2017 d’accélérer les restitutions vers les anciennes colonies.

Madagascar emboîte ainsi le pas à l’Algérie, qui avait récupéré en 2020 24 crânes attribués à des résistants anticoloniaux même si l’authenticité d’une partie d’entre eux a été ultérieurement mise en doute.

« Ces crânes ne sont pas de simples objets de collection. Ils sont le lien invisible et indélébile qui unit notre présent à notre passé », a insisté le ministre malgache, saluant un geste qui vise aussi à ouvrir les conditions d’un pardon face aux « pages sanglantes et tragiques » de la colonisation.

Pierra S.

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