Présidentielle en Côte d’Ivoire : le RHDP accuse l’opposition de « semer la tension »

Abidjan, 20 août 2025 – À deux mois du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre, le climat politique ivoirien reste marqué par de vives tensions. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti du président sortant Alassane Ouattara, a accusé mercredi l’opposition « d’entretenir un climat de tension » après de nouveaux appels de l’ex-chef d’État Laurent Gbagbo à s’opposer à un quatrième mandat présidentiel.

« Les manifestations que l’opposition organise n’ont pas d’autre but que de préparer ses militants à passer à l’acte le moment venu. Ils ont fait le choix de s’inscrire dans la logique du pire, c’est-à-dire semer le désordre », a dénoncé le porte-parole du RHDP, Kekenan Kouassi Adjoumani, promettant que « l’État ne faillira pas ».

Le 25 juillet, Alassane Ouattara a confirmé sa candidature pour un quatrième mandat, arguant que la Constitution l’y autorise. En 2020, le Conseil constitutionnel avait en effet considéré que l’adoption de la nouvelle loi fondamentale en 2016 avait remis à zéro le compteur des mandats. Une interprétation que l’opposition rejette fermement.

Le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI dirigé par Tidiane Thiam avaient déjà mobilisé, une semaine plus tôt, plusieurs milliers de manifestants lors d’une marche pacifique contre la candidature du président sortant.

Le scrutin se prépare dans un contexte où plusieurs grandes figures de l’opposition sont écartées de la compétition. Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro sont radiés des listes électorales en raison de condamnations judiciaires. Tidiane Thiam, pour sa part, a été déclaré inéligible pour des raisons liées à sa nationalité.

Ces exclusions ont conduit à des saisines devant le Comité des droits de l’Homme de l’ONU, qui a rejeté mercredi la demande de Laurent Gbagbo visant à être réinscrit sur les listes électorales. L’instance a toutefois invité l’État ivoirien à « garantir le plein exercice des droits politiques » de l’ancien président. Une recommandation similaire avait été formulée fin juillet concernant Tidiane Thiam.

L’ONU a donné à la Côte d’Ivoire jusqu’en janvier et février 2026 pour répondre à ces observations.

En appelant « au calme et à la sérénité », le RHDP assure que l’élection se tiendra comme prévu. Mais entre les contestations juridiques, les manifestations de rue et les accusations de part et d’autre, la campagne présidentielle s’annonce particulièrement tendue dans un pays encore marqué par les crises post-électorales de la dernière décennie.

Stella S.

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