Économie : la Guinée confrontée à une grave pénurie de billets de banque

Depuis plusieurs mois, la Guinée traverse une situation économique délicate marquée par une pénurie persistante de billets de banque. Cette crise, qui affecte directement les transactions du quotidien, a contraint la Banque centrale à commander plus de 3 000 milliards de francs guinéens pour tenter de pallier le manque.

Dans un pays où l’économie repose largement sur les échanges en espèces, les conséquences sont immédiates et préoccupantes. Les banques commerciales ont imposé des plafonds de retrait, rendant difficile l’accès des citoyens à leur propre argent. Commerçants, clients, petits entrepreneurs et cambistes se retrouvent ainsi pris au piège d’un système à court de liquidités physiques.

C’est le cas de Thiero Mamadou Diallo, commerçant à Kagbelen, une commune de Conakry, qui témoigne de ses difficultés : « Ce matin, je me suis rendu à la banque avec un chèque de 300 millions de francs guinéens. On m’a dit que je ne pouvais retirer que 10 à 20 millions. On nous parle d’un problème de billets, pas de liquidité, mais pour nous, c’est la même chose. On ne voit pas d’argent en circulation, même ceux qui veulent retirer 50 000 francs n’en trouvent pas. »

Du côté des autorités, le discours est plus nuancé. Le gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba, insiste qu’il ne s’agît pas d’une crise de liquidité mais d’un retard dans la livraison des billets par les imprimeurs : « Le problème vient de notre forte dépendance au cash. Il y a une baisse des stocks de billets que la Banque centrale détient. Mais nous avons engagé des démarches avec les fabricants pour accélérer les livraisons. »

Selon lui, les premières solutions arrivent très bientôt : « Dès août, 500 milliards de francs guinéens seront livrés. En septembre, ce sera plus de 1 500 milliards, puis environ 600 à 700 milliards en octobre. Nous allons franchir cette étape difficile. Je rassure la population : tout le monde sera payé. »

Pour l’économiste Mamadou Sangusex Diallo, il s’agit bien d’un problème lié au billet physique, mais pas à la monnaie en soi : « Quand un fournisseur vous remet un chèque pour paiement, vous ne pouvez pas l’encaisser facilement en espèces. Pourtant, les virements bancaires ou les paiements électroniques ne posent pas de problème. Cela prouve que ce n’est pas une crise monétaire mais bien une pénurie de billets. »

Face à l’ampleur de la crise, l’Union des consommateurs de Guinée appelle à plus de clarté. Elle demande au gouverneur de la Banque centrale de faire toute la lumière sur les causes de cette pénurie, afin de rétablir la confiance de la population dans le système financier national.

En attendant les premières livraisons de billets, la tension reste palpable sur les marchés et dans les agences bancaires, où chaque retrait devient un parcours du combattant.

Pierra S.

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